Débat sur les orientations générales du projet d’aménagement et de développement durable
Lundi 24 juin 2013 , par Pascale Bonniel Chalier
Les territoires urbains contribuent pour plus des deux tiers à la consommation mondiale d’énergie et pour plus de 70% aux émissions globales de gaz carbonique. En France particulièrement, plus de 80% de la population vit dans les grandes aires urbaines et moins de 5% de la population française échappe à l’influence des villes.
Dans le même temps, ce sont les villes qui détiennent, pour une part importante, les clefs d’une transition réussie vers une société post-carbone car elles ont les rennes de la gestion locale de la mobilité et des transports publics, du logement social, du foncier et de la planification urbaine, des réseaux d’eau et de protection contre les risques, de l’entretien des espaces verts, du chauffage urbain entre autres. C’est aussi à cette échelle que pourra le mieux se concrétiser la liaison entre ville post-carbone et économie verte, et plus globalement l’articulation des questions énergétiques et climatiques avec celles du développement, de la qualité de vie et de l’emploi. Notre projet d’aménagement et de développement durable doit ainsi tenir compte des objectifs et du plan d’actions partenarial adoptés dans le cadre de notre Plan Climat.
Les écologistes ne souhaitent pas se cantonner aux scénarios « attentisme intelligent » ou « créativité carbone » adossés à une orientation purement technico-financière (ex : non prise en compte de la réhabilitation du parc ancien et de l’équité sociale), ni sur les scénarios « nice » ou « biopolis » orientés sur les infrastructures et les investissements publics quoiqu’indispensables (ex : non prise en compte de la lutte contre l’étalement urbain). Nous souhaitons promouvoir également les deux autres scénarios : celui d’une « ville contenue » et celui d’une « urbanité sobre », afin de voir apparaître de nouvelles formes urbaines et d’opérer des changements de modes de vie, à l’initiative de la société civile.
« La ville post-carbone se fera au prix de ruptures très profondes » nous dit Hugues de Jouvenel : « Dans les usages et la production de l’énergie, dans les formes urbaines, les façons de se déplacer et d’habiter, dans les technologies, les modes de vie et finalement, dans l’organisation institutionnelle et les responsabilités des villes elles-mêmes. »
En ce qui concerne notre organisation institutionnelle, nous souhaitons souligner une difficulté majeure à laquelle nous sommes confrontés afin de pouvoir élaborer le PADD. En effet, l’adoption du PLU-H nécessitera l’adoption d’un nouveau PDU et leur mise en cohérence aurait été renforcée si nous n’avions pas délégué notre compétence transports au Sytral. Nous vous proposons d’introduire dans notre PLU-H un coefficient de desserte, afin de promouvoir une ville sobre en énergie sans pour autant oblitérer les besoins et désirs de chacun en terme de mobilité. Cela nécessite une forte politique de planification stratégique. Et à ce sujet, si nous saluons l’étude de l’Agence d’urbanisme visant à densifier les territoires aux abords des gares, nous souhaitons nous assurer que la maîtrise foncière sera bien effective en fonction des secteurs estimés prioritaires.
En effet, comme pour toute agglomération d’envergure, nous sommes confrontés à de forts phénomènes de spéculation et de rétention foncière qui vont de pairs. Le constat est sans appel. Lors du séminaire portant sur les dynamiques des marchés résidentiels et immobiliers sur le territoire du Pôle Métropolitain » organisé par le G4 la semaine dernière, l’Agence d’urbanisme et le Sepal ont ainsi constaté que le cœur d’agglo n’exerçait plus la fonction d’accueil pour les familles. La situation est préoccupante et nécessiterait une meilleure intégration de ces besoins.
De même, nous souhaitons promouvoir une mixité intergénérationnelle et une ville ouverte, tout en préservant notre cadre de vie, à savoir 50 % d’espaces naturels et agricoles sur notre agglomération. Il nous faut intégrer à notre démarche une perception plus sensible afin que les habitants vivent bien une plus forte densité urbaine. Un effort particulier devra alors être mis sur la qualité architecturale et des aménagements, pas seulement sur les grands projets urbains rayonnants à l’international, mais dans chaque quartier, pour les usages du quotidien.