Réseau de chaleur : un pas important vers un schéma directeur des énergies // Conseil Métropole Lyon 19.09.16 // Bruno Charles

INTERVENTION DE BRUNO CHARLES

Concernant la question des réseaux de chaleur à horizon 2020, il y a trois enjeux déterminants :
– un enjeu environnemental : réduire les émissions de gaz à effet de serre et augmenter de la proportion d’énergies renouvelables consommées sur notre territoire ;
– un enjeu social : 20 % des habitants de la Métropole de Lyon sont dans une situation de grande fragilité. Sécuriser le prix de l’énergie notamment du chauffage des logements est un enjeu essentiel de lutte contre la précarité future ;
– un enjeu économique : développer les énergies renouvelables sur notre territoire et maitriser les consommations d’énergie sont des facteurs importants de création d’emplois non-délocalisables.

Une durée de 25 ans, des montants financiers importants, font de cette délibération un pilier important de la future stratégie énergétique qui sera formalisée dans le schéma futur directeur des énergies.

Concernant l’enjeu environnemental en premier lieu, nous exprimerons une satisfaction, une espérance et une inquiétude.

La satisfaction, c’est de voir que la proportion d’énergies renouvelables et de recyclage est élevée, 67 % dès 2019 et un minimum de 62 % ensuite. Cette proportion assure d’avoir une TVA réduite, et donc un prix réduit pour les consommateurs. Satisfaction également pour la mise en service de la future centrale biomasse de Surville prévue dès 2019 et pour la garantie de provenance locale du bois, de maximum 200 km et une moyenne de 80 km.

L’espérance, c’est que petit à petit le recours au gaz fossile soit dans l’avenir remplacé par du biogaz produit localement. L’expérimentation menée à Saint-Fons avec l’usine laboratoire Gaya, mais aussi les études engagées par la Métropole sur le potentiel de méthanisation des boues de station d’épuration devraient nous faire avancer de ce point de vue.

L’inquiétude, c’est que la nécessité de produire de la chaleur pour le réseau soit contradictoire avec la politique de réduction des déchets. Nous avons à l’horizon 2020 la question du renouvellement ou non des deux incinérateurs de la Métropole, Lyon Sud à Gerland et Lyon Nord à Rillieux. Les deux alimentent un réseau et produisent de la chaleur à un prix très bas.

Il nous paraît souhaitable pour des raisons écologiques, de diminuer la capacité des incinérateurs de santé publique. Cela nous parait aussi inévitable puisque les incinérateurs qui sont dans la région importent déjà des déchets de territoires de plus en plus lointains pour tourner à plein.

C’est pourquoi, l’amélioration de la qualité technique des fours incinérateurs et la possibilité de brûler des déchets de l’activité économique, les DAE, nous semble insuffisante. Il faut substituer progressivement l’énergie fournie par l’incinérateur par d’autres sources. Le biogaz peut être une des solutions.

Concernant l’enjeu social ensuite.

Actuellement, les prix de l’énergie sont artificiellement bas, souvent inférieurs au prix de production.
Nous savons que ces prix vont fortement augmenter dans les années à venir.

Nous avons donc le devoir d’anticiper ces augmentations et leurs conséquences sociales. C’est ce que permet l’équilibre financier de la concession. Le prix de l’énergie fournie par le réseau, est déjà compétitif, il le deviendra de plus en plus à l’avenir.

De ce point de vue, multiplier par 2,8 le nombre d’équivalents logements raccordés est un excellent objectif.

Concernant l’enjeu économique enfin,

Nous avons bien noté dans l’exposé du schéma de développement économique que dans le domaine industriel, les seuls domaines qui ont progressé sont l’énergie et l’environnement. Ce qui démontre que la transition écologique peut être un moteur puissant pour l’activité économique de notre agglomération.

Concrètement nous votons ce soir un programme d’investissement de près de 300 M€ porté par un opérateur privé sous le contrôle de la collectivité. Ces investissements contribueront à l’activité économique de notre agglomération.

Avec le développement du photovoltaïque, du biogaz, de l’hydrogène, c’est une véritable relocalisation de la rente énergétique que nous mettons en œuvre. Rappelons que l’objectif du plan climat de production de 20 % d’énergies renouvelables sur le territoire, permettra un chiffre d’affaire de 1 milliard d’euros qui alimentera l’économie notre territoire, au lieu d’alimenter les pétromonarchies ou les dictatures de gaz.

Quant à la production de biomasse, elle profitera aux territoires ruraux de notre Région et devrait favoriser une meilleure structuration de la filière bois.

Sur le montage juridique, nous espérons que la sécurité juridique du contrat est bien assurée cette fois parce qu’il est temps que cette ambition se concrétise par les investissements prévus dans le contrat. Nous approuvons la création d’une société dédiée qui permettra un meilleur contrôle des coûts par la collectivité et évitera ce qui est arrivé dans le passé, c’est-à-dire des transferts financiers indus vers les sociétés mères, au détriment tant des usagers que de la collectivité.

Il est regrettable que la concurrence n’ait pu s’exercer pleinement faute de candidats. Nous notons que la proposition qui nous est soumise ce soir est de qualité et en très nette progression par rapport aux consultations précédentes.

En conclusion, nous approuvons cette délibération qui marque une ambition d’agglomération pour le développement des réseaux de chaleur, élément clé pour faire émerger la politique énergétique de la Métropole au travers du plan climat et du futur schéma directeur des énergies.

Nous voterons bien sur cette délibération

2016-1474Délégation de service public de chaleur et froid urbains Centre Métropole – Désignation du délégataire –