
Conseil de la Métropole du 8 juillet 2019
Voeu pour la libération de Tuna Altınel et la liberté d’expression en Turquie
Déposé par les groupes Socialistes et républicains métropolitains, Synergies-Avenir, La Métropole Autrement, Europe-Ecologie – Les Verts, AGIR la droite constructive et apparentés, Centre démocrate, Lyon Métropole Gauche Solidaire, Parti Radical de Gauche, Socialistes et apparentés, Groupe de Réflexion et d’Action Métropolitaines, Les Républicains et apparentés, Communistes, Parti de Gauche et Républicains, Union des Démocrates et Indépendants et apparentés, Métropole et territoires et Avenir métropole
Tuna Altınel, fonctionnaire de l’enseignement supérieur français en tant qu’enseignant-chercheur en mathématiques à l’Institut Camille Jordan de l’Université de Lyon, est aussi un membre de l’Association Amitiés Kurdes de Lyon et Rhône-Alpes. De nationalité turque, il fait partie des « Universitaires pour la paix », qui est un mouvement de défense des droits de l’homme.
Rentré en Turquie, son pays d’origine, pour des vacances, Tuna Altınel s’est vu retirer son passeport le 12 avril avant d’être arrêté le 11 mai 2019 et emprisonné le 12 mai 2019. Il lui est reproché par la Turquie d’avoir signé en janvier 2016 une pétition appelant à l’arrêt des combats au Kurdistan de Turquie et à la reprise des négociations de paix après les violences mortelles commises par l’armée turque contre les populations civiles à majorité kurde dans la sud-est de la Turquie à partir de l’été 2015, qui sont attestées par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU. Tuna Altınel comparaîtra le 16 juillet pour répondre de ce chef d’accusation alors que 189 universitaires ayant signé la pétition ont déjà été condamnés à des peines de prison ferme et que 508 sont encore à ce jour en attente de leur jugement.
L’universitaire est également poursuivi pour « propagande pour une organisation terroriste ». Concrètement, cette inculpation fait en réalité référence à sa participation à une réunion publique organisée, en toute légalité, à Villeurbanne en mars 2019, au cours de laquelle a été projeté un documentaire sur le massacre dont s’est rendue coupable l’armée turque en juin 2015 à Cirze, à la suite de la défaite électorale du parti au pouvoir dans cette commune. Il convient de rappeler que cette réunion était organisée en lien avec le parti démocratique des peuples (HDP), un parti kurde de la gauche démocratique attaché à l’écologie, aux droits de l’homme et à ceux des LGBT. Ce parti n’a aucun lien avec le PKK et il ne figure en aucun cas dans la liste des organisations terroristes de l’Union européenne puisqu’il s’agit d’un mouvement non-violent. L’audience pour le deuxième chef d’accusation est fixée le 30 juillet prochain.
Considérant que Tuna Altınel étant un universitaire de notre métropole, son sort intéresse notre collectivité ;
Considérant que Tuna Altınel n’a jamais appelé à des violences en Turquie mais au contraire qu’il a demandé la mise en oeuvre de pourparlers de paix ;
Considérant que les chefs d’accusation qui lui ont été notifiés ne correspondent pas à la réalité de son action mais qu’ils constituent un moyen insidieux de dissuader la manifestation de toute voix alternative au discours nationaliste opposé à l’expression des droits humains des populations du Kurdistan turc ;
Considérant enfin que la liberté d’expression dont a usé Tuna Altınel est la seule raison pour laquelle il est poursuivi en justice alors qu’elle constitue un droit fondamental ;
Le conseil de la Métropole de Lyon :
- réclame aux autorités turques la libération immédiate de Tuna Altınel et la restitution de son passeport avec effet immédiat sur sa liberté de circulation ;
- appelle au respect de la liberté d’expression en Turquie, pays membre du conseil de l’Europe.