Conseil de la Métropole du 8 juin 2020

Intervention d’Émeline Baume

N° 2020-4320 – Mesures d’accompagnement du tissu économique et social de la Métropole de Lyon pour favoriser la reprise d’activité, en lien avec la crise sanitaire Covid-19

Monsieur le Président, cher·e·s collègues,

Cette délibération vise à accompagner temporairement notre économie locale en suivant les logiques portées par l’État et la Région.

Si notre gouvernement a pu communiquer tant sur une éventuelle « relance verte » que sur le rôle essentiel de celles et ceux qui prennent soin de nous, à cette heure, aucune annonce structurante n’a été faite. Pire, les questions du déficit de la Sécurité sociale sont en cours d’arbitrage, obérant un réel plan hôpital. Concernant la transition écologique de notre économie, malgré les annonces de l’Union Européenne, aucune politique publique nationale structurante n’est annoncée.

Concernant la Région, elle a créé de nouveaux fonds d’aides auxquels notre Métropole va participer. Hélas, elle maintient sa logique écocide : rien pour mettre plus et mieux en place une offre de mobilité responsable avec des TER attractifs, par exemple le Lyon – Saint-Étienne ainsi que la rive droite du Rhône, et aucun plan d’urgence pour un changement de paradigme pour notre alimentation et l’agriculture, alors même que l’Ain, territoire voisin, est d’ores et déjà en vigilance sécheresse.

La Métropole de Lyon se distingue aujourd’hui entre autres avec un appel à projets proposé par voie d’amendement pour les artistes et acteur·rice·s de la culture. Les élu·e·s écologistes soutiennent cette démarche !

Toutefois, nous aurions souhaité :

  • Un coup de pouce aux restaurateur·rice·s et artisan·e·s du secteur alimentaire qui s’engagent dans une démarche zéro déchet, zéro gaspillage y compris avec des expérimentations de consignes. Ceci éviterait de voir des tonnes de résidus d’apéros dans nos fontaines et sur l’espace public et aurait le mérite de structurer une filière d’activité économique !

  • Un signal fort que l’État se refuse à envoyer à celles et ceux qui prennent soins à domicile des aîné·e·s, entre autres, en proposant aux associations en convention avec la Métropole l’ajout d’une prime de risque ? C’est un point que nous avions soulevé lors de notre précédent conseil.

Par ailleurs, il est prévu d’allouer 500 000 € afin de faciliter la participation de certain·e·s entrepreneur·e·s à des évènementiels d’affaires et/ou grand public. Or aucune manifestation n’est prévue avant cet automne. Ces fonds auraient donc pu être utilement affectés tout de suite pour des primes au personnel travaillant à domicile par exemple ou encore pour abonder nettement plus le fonds d’aides aux associations et micro-entrepreneur·e·s.

J’avais évoqué le choc social de cette crise sanitaire lors de ma précédente intervention concernant les aides économiques d’urgence, ainsi que les enjeux auxquels notre territoire doit faire face dont celui de l’accueil et l’hébergement d’urgence. Dans cette délibération, vous nous proposez de modifier un peu un soutien à l’investissement à l’hôtellerie indépendante. Ce soutien devrait permettre à certain·e·s d’opérer un changement radical et de transformer leur offre d’hôtellerie en hébergement pour des étudiant·e·s ayant vu leurs revenus disparaître par exemple. Ceci n’est pas évoqué dans le texte, c’est dommage.

Le 5 juin dernier, une centaine d’investisseurs indiquaient par voie de lettre ouverte : « Les investisseurs sont de plus en plus confrontés à des risques physiques et structurels liés au réchauffement rapide de la planète qui mettent en cause leur capacité à offrir des rendements de long terme à leurs bénéficiaires ». C’est ainsi qu’ils invitent les États et acteurs publics à agir pour une transition dite « bas-carbone ». Dans cette culture du risque qui est désormais nôtre, pour limiter nos vulnérabilités et accentuer notre résilience territoriale, notre responsabilité est aussi de sécuriser les flux financiers afin que celles et ceux qui produisent, qui créent, qui font, maîtrisent leurs destinées loin d’une mondialisation prédatrice.

Monsieur le Président, en complément de ces aides qui atténuent partiellement l’actuel choc social, nous aurions pu faire le choix d’aller plus vers une résilience de notre territoire, en faisant évoluer notre commande publique vers des achats alignés sur une logique climatique et tournés vers l’économie locale : des biens et consommables pour les bureaux de la Métropole, l’IDEF1 et nos collèges remanufacturés, issus du réemploi ou intégrant une forte composition de matières recyclées ; des locations de matériels et vêtements pour nos services urbains ; des opérations immobilières avec systématiquement des diagnostic ressources lors des réhabilitations et rénovations afin de garder les matériaux réemployables et a minima du tri sur chantier, des cantines zéro gaspillage, etc. ! Notre commande publique sait être inclusive avec les clauses d’insertion, elle ne sait pas encore être écoresponsable !

Nous voterons ces aides momentanées d’urgence pour les acteur·rice·s économiques, en attendant des politiques publiques locales volontaristes climato-compatibles qui seront mises en œuvre dans les prochains mois, nous l’espérons.

Je vous remercie.

 

Seul le prononcé fait foi

 

1 Institut départemental de l’enfance et de la famille