
Conseil de la Métropole du 30 septembre 2019
Intervention de Bertrand Artigny
N° 2019-3732 – Engagements de la Métropole de Lyon dans la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté – Attribution de subventions au titre de l’année 2019
Monsieur le Président, cher-e-s collègues,
S’il est des sujets qui mobilisent les conseiller-e-s que nous sommes, c’est bien celui de la pauvreté, et le nombre d’interventions prises montre bien que ce sujet particulier touche de nombreuses sensibilités, de manière transpartisane. Et pour éviter de redire ce qui a déjà été dit, et souvent fort à propos comme l’intervention de notre collègue M. Gachet, je vais essayer d’être bref en me limitant à des sujets qui, nous écologistes, nous préoccupent beaucoup au regard des populations les plus précaires.
Mais avant cela, je vous confirme que, bien entendu, nous voterons ce rapport non seulement parce que nous soutenons sans réserve cette démarche qui doit permettre de sortir de la grande précarité de nombreux concitoyen-ne-s, mais surtout parce que nous ne pouvons pas nous targuer d’être une Métropole attractive et laisser sur le carreau des milliers de Grands-Lyonnais.
Bien sûr, il faut agir en prévention pour éviter un traitement essentiellement curatif des situations de pauvreté. Cela passe bien sûr par des actions sur la formation, l’insertion, la santé, l’accès au logement car sans logement sain, qui peut évoquer ou parler de suivre des études qualifiantes ou de travailler dignement ?
Mais pour autant, il ne faut pas oublier que nos concitoyen-ne-s vivant dans la précarité sont aussi et surtout les premier-e-s à subir les affres de la pollution de l’air, le coût de l’eau potable et de la malnutrition.
Sur ce dernier point, sauf erreur, en introduction de la présentation de sa stratégie alimentaire, la Métropole indique que 15% de sa population souffre de malnutrition. Cela fait près de 200 000 personnes, c’est considérable.
Alors, oui, nous sommes favorables à la mise en œuvre des diverses actions présentées dans ce plan pauvreté, mais nous avons aussi à conduire des politiques structurelles pour que toute la population puisse avoir accès à une alimentation saine débarrassée des pesticides. Il ne peut y avoir deux types de populations sur la Métropole, celle qui pourra se payer le luxe de consommer des produits alimentaires de qualité et les autres.
Il en va de même pour l’accès à l’eau potable. Si la part fixe est trop élevée, cela revient à faire porter sur les plus précaires des charges qui pourraient être mieux réparties. Ce qui revient à se poser la question de la gratuité des premiers m3, mesure qui aurait toute sa place dans cette stratégie de lutte contre la pauvreté.
Nous aurons l’occasion de revenir sur le plan logement, mais la gentrification à laquelle nous assistons ne peut pas nous conduire à offrir des logements sains pour une vie décente. Or, nous savons tous que le mal-logement est aussi responsable du décrochage scolaire et ne favorise pas le traitement des souffrances psychiques des jeunes.
Enfin, bien sûr nous sommes favorables à des centres-villes apaisés où le piéton reprend toute sa place, mais quid des périphéries qui concentrent les pollutions des gaz d’échappement ? Comment peut-on avoir une politique à l’attention des populations les plus vulnérables si l’air qu’elles respirent est chargé en particules fines ?
Comme on peut le voir, s’attaquer à la pauvreté, ce n’est pas seulement être en cohérence avec nos politiques de solidarités, d’insertion pour l’emploi, d’urbanisme et d’habitat, c’est aussi adopter des politiques environnementales structurelles qui seront également un levier fondamental de lutte contre les effets et les conséquences collatérales de la pauvreté.
Je vous remercie pour votre attention.
Seul le prononcé fait foi