
Conseil de la Métropole du 8 juin 2020
Intervention de Bertrand Artigny
N° 2020-4265 – Personnes âgées – Attribution de financement aux structures œuvrant dans le domaine de la prévention de la perte d’autonomie pour le plan d’actions 2020 de la Conférence des financeurs
Monsieur le Président, cher·e·s collègues,
Bien entendu, les élu·e·s du groupe EÉLV voteront ce rapport, tant la situation des personnes âgées est devenue préoccupante dans notre pays.
La mise en place de cette Conférence des financeurs issue de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement n’a certainement pas été autant nécessaire depuis sa création, eu égard à la situation pandémique que nous vivons encore.
Mais je souhaite profiter de l’examen de ce dossier concernant les mesures de prévention de la perte d’autonomie pour rappeler que ces mesures ne peuvent pas être dissociées des politiques que nous menons vis-à-vis des personnes âgées dépendantes.
Aussi, permettez-moi de rappeler que près de la moitié des victimes de la Covid-19 sont des personnes dépendantes accueillies en EHPAD1, que pour les protéger contre cette pandémie mortelle, il n’y a pas eu d’autres solutions que de les confiner dans leur chambre pendant plusieurs semaines sans possibilité de voir leur famille, sans d’autre contact que des personnels soignants et sans vie sociale, conduisant à des décès par syndrome du glissement. Doit-on aussi rappeler que de nombreuses personnes âgées se sont auto-privées de soins de peur d’être contaminées, renforçant ainsi l’isolement de beaucoup d’entre elles, générant une situation susceptible d’entraîner une surmortalité qui aurait pu être évitée dans d’autres circonstances.
L’histoire de cette pandémie n’est pas encore écrite, mais nous avons d’ores et déjà de vraies questions sur les choix économiques et politiques faits au niveau national durant de nombreuses années. Nous aurons à nous interroger sur notre modèle de société qui ne permet de venir en aide ni à nos concitoyen·ne·s les plus vulnérables, ni à leurs familles.
L’heure aujourd’hui n’est pas à identifier des responsabilités. Des enquêtes sont en cours, et si la justice devait s’y intéresser, nous suivrons en détail l’instruction des dossiers. Mais nous savons que l’isolement, le manque de moyens et de ressources humaines, l’absence de reconnaissance des métiers de proximité ont probablement eu un rôle néfaste dans la surmortalité des personnes âgées dépendantes.
L’urgence va donc bien au-delà d’un vote sur des affectations de crédits, que – je rappelle – nous approuverons en l’état. Encore plus aujourd’hui qu’hier, il est de la responsabilité de notre collectivité de se doter d’une politique globale concernant les personnes âgées, qu’elles soient autonomes ou dépendantes. Le diagnostic que nous allons financer sur les besoins des personnes âgées et de leurs proches aidants doit être le plus précis possible et le plus systémique possible.
Nous attendons des actions de prévention de la perte d’autonomie qui seront identifiées, qu’elles abordent avec pertinence la rémunération des personnels, le recours à des intervenants extérieurs, la santé physique et psychique, le lien social et l’habitat. Mais nous insistons aussi sur le fait que ces réflexions doivent aussi se conjuguer avec tous les enjeux de prise en charge de nos parents et grands-parents devenus ou devenant dépendants et les moyens nécessaires en personnels qualifiés avec la juste rémunération de leurs missions. La solidarité et la proximité envers nos aîné·e·s les plus vulnérables n’en seront que mieux servies.
Plus que jamais l’expression « penser global, agir local » prend tout son sens.
Je vous remercie de votre attention.
Seul le prononcé fait foi
1 Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes