Conseil de la Métropole du 4 novembre 2019
Intervention de Bertrand Artigny
N° 2019-3863 – Établissements et services pour personnes âgées et personnes handicapées – Enveloppe de tarification 2020
Monsieur le Président, cher-e-s collègues,
Le 29 octobre dernier, Le journal Le Progrès titrait : « Qui va s’occuper de nos aînés ? » et citait un rapport de Mme El Khomri qui faisait (je cite) état de « métiers pénibles et mal payés, des formations en panne de candidat, une perte de vocation, des besoins en hausse avec le vieillissement de la population ».
Cette situation que l’on retrouve partout en France touche également les établissements présents sur le territoire de la Métropole de Lyon. Ce n’est pas acceptable pour un pays comme le nôtre, et cela l’est encore moins pour une Métropole qui parle de cohérence et de rayonnement, et qui se veut attractive.
Aujourd’hui, en raison des progrès de la médecine, d’une part, et des politiques menées pour le maintien à domicile, d’autre part, le nombre de résident-e-s de plus en plus dépendant-e-s augmente inexorablement et mécaniquement tant dans les EHPAD que dans les structures d’accueil pour personnes en situation de handicap. Les personnels de ces structures doivent faire face à des résident-e-s de plus en plus lourdement handicapé-e-s avec très souvent des troubles du comportement associés.
Or, ces personnels sont structurellement en sous-effectifs, ne sont pas formés pour affronter ces difficultés et souffrent d’organisations minées par les temps partiels et le travail précaire. Cela entraîne des turn-over hors normes dans les équipes et des taux d’absentéisme pour maladie ou burn out catastrophiques.
En tant que citoyen-ne-s, et non pas seulement en tant qu’élu-e-s, nous devons dénoncer, auprès de l’État et tout particulièrement de son bras armé que sont les ARS, cette situation qui se dégrade et qui conduit malheureusement à des situations de maltraitance des personnes âgées, ce que les médias révèlent régulièrement sans pour autant que nous agissions contre le cours des choses. Les négociations, voire les impositions de CPOM contraignent trop souvent les établissements.
Je le répète : ce n’est pas humainement acceptable !
En France, ce sont donc des milliers de postes qui ne trouvent pas preneur chaque année. Dans 30 ans, ce sont près de 2,2 millions de personnes qui seront en perte d’autonomie. Nous ne pouvons pas écarter l’hypothèse d’un doublement de personnes âgées dépendantes sur notre territoire aux mêmes échéances.
Certes, nous voterons les augmentations proposées, mais pourrions-nous faire autrement. D’autres territoires pourraient nous envier de voter de telles allocations de moyens. Mais ces augmentations sont et seront de toute façon en deçà des besoins nécessaires pour accueillir dignement nos concitoyen-ne-s les plus vulnérables, en termes de taux d’encadrement, de suivi psychologique, etc.
À partir de là, peut-on vraiment dire que la Métropole de Lyon apprécie les besoins, alors que nous assistons à une dégradation lente de l’accueil des populations les plus vulnérables ?
Peut-on dire que nous soyons garant-e-s de la qualité de prise en charge des personnes accueillies, alors même que, pour une association que je connais très bien, ce sont près de 160 personnes en file d’attente pour intégrer un foyer d’aide médicalisé ?
Le Projet métropolitain des solidarités que nous avons voté pour 2017 à 2022 intègre déjà ces enjeux liés aux évolutions socio-démographiques et sociétales. Le problème est donc connu, mais ce n’est qu’une approche qualitative. Demain, le Projet métropolitain des solidarités devra intégrer dans ses mises à jour les ressources quantitatives pour répondre à ces évolutions socio-démographiques et sociétales.
Pour finir, je dirai que du point de vue d’un écologiste, les conséquences du dérèglement climatique doivent être intégrées dans nos politiques publiques, et donc y compris bien sûr dans nos politiques sociales. C’est aussi cela l’attractivité de la Métropole.
Merci pour votre attention.
Seul le prononcé fait foi