Conseil de la Métropole du 20 janvier 2020

Intervention de Bertrand Artigny

N° 2020-4119 – Budget primitif 2020 – Tous budgets

Monsieur le Président, cher-e-s collègues,

 

Tout d’abord, à l’instar des interventions déjà faites et celles à venir, je voudrais une fois de plus en cette fin de mandat remercier les membres de la direction financière, ainsi que notre Vice-président, pour la qualité de la gestion de nos finances qui nous conduit aujourd’hui à avoir une situation financière que beaucoup nous envient, que ce soit en termes de gestion de la dette ou de croissance de nos capacités d’autofinancement.

Pour autant, il faut avoir à l’esprit que cette situation est en partie la conséquence d’une forte augmentation de nos recettes fiscales, notamment celles liées à la DMTO1.

Dans cette assemblée, certains s’en félicitent soulignant ainsi l’attractivité de notre collectivité. Mais ces mêmes personnes oublient ou feignent d’oublier que cette DMTO est aussi un fort indicateur de transformation sociétale de notre agglomération qui nous alerte sur l’accroissement de la population, et aussi sur la gentrification de notre territoire notamment à Lyon et à Villeurbanne.

Donc, à celles et ceux qui veulent opposer économie et écologie, nous répondons qu’ils confondent économie et finances… et qu’effectivement, pour les écologistes, l’attractivité de notre territoire ne doit pas se faire sur des arguments financiers qui attirent les grandes entreprises vers notre Métropole, faisant venir de facto des salariés cadres dirigeants aisés et conduisant à cette envolée des loyers, et du coût au m² des appartements neufs ou anciens.

Cela génère aujourd’hui des difficultés pour les jeunes familles, les étudiant-e-s et les habitant-e-s les plus modestes à accéder à un logement décent dans les villes-centres, et de ce fait les éloigne sans qu’un véritable aménagement de notre territoire en termes d’emplois, de commerce de proximité, d’accès à la culture et aux activités sportives… n’ait été pensé.

 

Aussi, les écologistes considèrent que ce qui est appelé « le renforcement de la compétitivité » ne peut pas être – je cite – un « enjeu stratégique du développement économique ». Car ce développement non maîtrisé et non régulé comprend en son sein un accroissement des pollutions générées par les flux de voitures, une offre de transports en commun non adaptée construite uniquement en étoile pour acheminer des travailleur-se-s vers les villes-centres.

Bref, en tant qu’écologistes, nous craignons que les satisfécits d’aujourd’hui ne soient en fait les troubles sociaux et environnementaux de demain. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une politique de développement soutenable qu’il nous faut renforcer dès maintenant, et d’une économie reposant sur une bonne administration des richesses matérielles, sociales et environnementales. Nous avons les moyens de la financer.

En ce sens, pour les écologistes, l’examen du BP 2020 doit nous conduire à apprécier les politiques publiques et voir si elles répondent aux défis que nous impose le dérèglement climatique.

Je commencerai par la question des mobilités.

Tout d’abord, sous réserve que cela ne soit pas caché dans une quelconque ligne budgétaire, nous nous satisfaisons de ne pas voir apparaître de budgets liés à l’Anneau des Sciences. C’est une très bonne chose, car il faut en finir avec cette fuite en avant infinançable qui nous empêche de travailler sereinement à d’autres alternatives que le recours systématique à l’automobile.

Nous espérons ainsi que cette vision dogmatique n’aura plus cours dans quelques années, et que ce projet dépassé appartiendra définitivement au passé.

Pour autant, sans les détailler, les écologistes considèrent que de nombreux investissements sont encore trop orientés sur une logique de déplacement en voiture. Il est clair que cela va prendre du temps et de l’énergie pour faire évoluer les pratiques. C’est pour cette raison que nous aurions souhaité un BP plus volontariste, en vraie rupture avec la philosophie actuelle, en identifiant des lignes budgétaires plus fortes pour les déplacements vélo et piétons, et le développement de transports en commun autrement qu’en étoile.

 

Pour autant, des inflexions sont engagées et sont encourageantes. Je citerai à ce titre :

  • L’augmentation du soutien aux mobilités actives. Le lancement du Vélo’v à assistance électrique devrait faire tomber encore quelques réticences à privilégier ce mode de déplacement au détriment de la voiture ;
  • Les trois millions d’euros consacrés à l’extension du réseau cyclable et la réalisation d’abris sécurisés, démontrent que le projet REV2 que portent les écologistes n’est pas une utopie ;
  • Les travaux de la rue Pierre Audry dans le 9ème qui conduiront à apaiser la vitesse automobile et à partager l’espace public avec les vélos et les piétons, avec un fort plan de végétalisation ;
  • La sécurisation des cheminements piétons à Tassin.

En ce qui concerne notre politique de déchets, je ne reviendrai pas sur les interventions nombreuses conduites par notre collègue Émeline Baume qui a, durant toute la durée de ce mandat, fait un travail remarquable qui positionne la Métropole dans une dynamique vertueuse au regard des obligations que nous avons en matière de prévention, de recyclage, de tri et de valorisation.

Mais il est clair que l’accroissement de la population génère un accroissement de la production de déchets qu’il nous faut anticiper dès maintenant.

Nous pouvons ainsi regretter qu’il ait fallu attendre les dernières années de ce mandat pour voir enfin se développer une politique réaliste en matière de cycle de déchets, qui aurait dû être intégrée de manière mécanique quand certains évoquaient l’attractivité de notre territoire.

Nous avons donc pris beaucoup de retard par rapport à d’autres collectivités, et dès 2020 il nous faudra accélérer nos politiques pour répondre à la demande des populations pour plus de tri et de valorisation des déchets, notamment l’installation de composteurs.

Mais ne nous trompons pas : la réduction des déchets et notamment les organiques, le développement des donneries et des ateliers de réparation, l’amélioration du tri etc. vont conduire inéluctablement à la réduction très importante de déchets incinérables.

Aussi, la question du maintien en l’état de nos capacités d’incinération sera très vite posée et devra être traitée très rapidement par le prochain conseil qui sera élu en mars.

Sur la question de la transition écologique, clairement la dynamique est lancée. Mais là aussi, que de temps perdu, alors que tous les acteurs et responsables politiques ici ou ailleurs sont alertés depuis de nombreuses années sur l’urgence à agir localement pour contribuer à la réponse globale du climat.

Là aussi, nous sommes dépassé-e-s par les demandes de nos concitoyen-ne-s. Je citerai à cet égard, l’écorénovation des bâtiments. En début de mandat, ce n’était pas gagné, non pas que nous écologistes nous doutions de l’intérêt de nos concitoyen-ne-s, mais en interne, nombreux étaient sceptiques. C’est pour cela que nous nous félicitons des augmentations budgétaires de cette fin de mandat.

Les échanges que nous avons eus avec les entreprises qui interviennent sur ces marchés montrent leur optimisme quant à leur développement et leur capacité à générer de l’emploi, à capitaliser des compétences et des expériences qui pourront s’exporter.

Comme quoi, économie et écologie vont bien de pair quand on s’en donne les moyens.

PCAET3, SDE4, Plan Oxygène, stratégie alimentaire… nous nous sommes déjà largement exprimé-e-s sur ce sujet. Je n’y reviendrai pas plus. Là encore, la Métropole manifeste un engagement, mais qui sur certains aspects est, pour nous écologistes, encore à accroître face aux enjeux que nous devons traiter.

Sur les aspects sociaux et j’en terminerai là, force est de constater que le développement et l’attractivité de la Métropole, sa compétitivité (terme sportif totalement inapproprié dans le cadre d’une gestion responsable) n’a pas à ce jour bénéficié à toutes et tous.

C’est pour cela que nous saluons le travail fait dans le cadre du Plan pauvreté et les budgets qui seront alloués notamment aux parcours d’accompagnement des personnes éloignées de l’emploi, l’animation des cafés cultures dans les Maisons de la Métropole, l’organisation de chantiers jeunes, l’accompagnement des MNA5 et des jeunes majeurs, la prévention santé etc.

 

Pour conclure, Monsieur le Président, cher-e-s collègues, nous voterons ce budget primitif, mais nous voulons aussi attirer votre attention sur le fait que s’il traduit une volonté, il ne traduit pas encore une rupture budgétaire franche face aux enjeux de la transition écologique.

 

Merci de votre attention.

 

Seul le prononcé fait foi

 

1 Droits de mutation à titre onéreux

2 Réseau express vélo

3 Plan climat air énergie territorial

4 Schéma directeur des énergies

5 Mineurs non accompagnés