Conseil de la Métropole du 9 juillet 2018
Intervention de Pierre Hémon
N° 2018-2874 – Dardilly, Limonest, Champagne-au-Mont-d’Or, Ecully, Tassin-la-Demi-Lune, Lyon, La Mulatière, Oullins, Pierre-Bénite – Requalification A6 et A7 – Horizon 2020 entre Limonest, Dardilly et Pierre-Bénite – Bilan et clôture de la concertation préalable au titre du code de l’urbanisme et poursuite du projet
M. le Président, cher-e-s collègues,
Nous votons positivement ce bilan de la concertation préalable dans le cadre de la requalification de l’axe A6-A7 à l’horizon 2020, tout comme la décision de poursuivre ce projet en s’appuyant sur les avis pour la plupart pertinents formulés durant cette concertation.
Concernant le bilan tout d’abord : le nombre global d’avis formulés est modeste (moins de 400) au regard de la population impactée par ce projet. Mais ils sont très intéressants.
En effet, positifs et c’est la grande majorité, ou négatifs, ils s’attachent pour la plupart à mettre en avant l’enjeu de la qualité de vie.
Les attentes et espoirs portent principalement sur la nécessité d’améliorer la qualité de l’air. Un air très largement ressenti, je cite, « comme pollué, médiocre, étouffant et à la source d’importants enjeux de santé publique ». Attentes et espoirs qui portent donc sur la nécessité d’agir pour une réduction efficace et durable des nuisances atmosphériques mais aussi sonores créées par l’axe autoroutier. Prenons-le comme un signal supplémentaire que de plus en plus de nos concitoyens sentent combien beaucoup de déplacements en voiture individuelle et unipersonnelle sont souvent peu performants et coûteux tant sur le plan sanitaire que financier.
Et de ce fait bien des attentes et espoirs portent sur le développement des modes actifs, des transports en commun, sur le covoiturage, l’auto-partage, sur l’ensemble des alternatives à la « voiture solo », alternatives vertueuses autant qu’efficaces, saines autant qu’efficientes.
Concernant les 14% d’avis négatifs, à bien y regarder, ils le sont pour les mêmes inquiétudes que les avis positifs. Ils expriment une crainte, celle des nuisances sonores et atmosphériques que produirait un report sur l’est lyonnais du trafic automobile et camion. Report qui nuirait à leur qualité de vie, on le comprend. Cette crainte, ces craintes sont compréhensibles et il faut être en capacité d’y répondre, en capacité de démontrer que cela ne sera pas le cas, que l’objectif est bien de diminuer le trafic et pas seulement de le déporter.
Car c’est évidemment un challenge de réduire au maximum ce report, un challenge de réduire encore plus le trafic sans réduire le droit à la mobilité pour tous. Cela doit faire l’objet d’une volonté politique forte pour les dix années qui viennent. Une volonté bien sûr accompagnée de moyens.
Et cette volonté politique impose de rompre avec les vieilles recettes, celles du vingtième siècle, qui voudraient qu’on ajoute toujours de la voirie à la voirie, que c’est en augmentant l’espace dédié à la voiture qu’on va en réduire les nuisances.
Des solutions existent, des expérimentations sont faites, largement soutenues par la Métropole pour certaines. Accompagner les Plans de Mobilités d’entreprises, sujet sur lequel nous disposons d’une réelle expertise, qui permettent de décliner coworking, télétravail, de réfléchir à la mise en place d’horaires décalés etc. Et aussi ce qui est trop souvent oublié : apprendre à repérer les déplacements évitables et donc inutiles. On le voit bien en ce moment avec le chantier de la Part-Dieu qui, comme il complexifie les déplacements en voiture, voit une forte évaporation de ce trafic. Ce phénomène d’évaporation est connu, étudié. Il faut l’intégrer dans nos réflexions.
Volonté politique forte, disais-je, qui continue bien sûr à investir dans des transports en commun performants et confortables.
Et le plus intéressant de cette délibération est qu’elle tire leçon de la concertation pour nous proposer des décisions d’importance.
La décision de réaliser des études sur la capacité du parking relais auto-moto-vélo de la Garde, sur la possibilité de nouveaux arrêts pour les bus express. Par exemple, la proximité de l’arrêt « Pérollier » du campus Lyon Ouest Écully rend tout à fait pertinente la demande d’un parking vélo sécurisé à cet endroit.
Décision encore de réaliser les études de faisabilité nécessaires à la réalisation d’aménagements cyclables sur le secteur nord, qui manquent cruellement en l’état.
Enfin, nous tenons à souligner l’intérêt de la décision de mettre en place, en partenariat avec l’État, un observatoire mesurant l’évolution des trafics et les améliorations à proximité en matière de pollution de l’air et de nuisances sonores. Et cet observatoire, bien au-delà des constats, approfondira les études sur la question des reports, d’évaporation possible de trafic.
Nous souhaitons qu’il soit encore plus ambitieux et mesure les changements de comportements, d’habitudes et d’usages pour mieux nous aider à les accompagner, à les susciter, à les encourager.
Le temps est plus que venu de penser autrement les mobilités. L’approfondissement de ce projet de requalification en est un exemple. Il doit aussi s’accompagner de la vraie ambition de se passer du dispendieux Anneau des Sciences… puisque les enjeux d’une mobilité intelligente, donc inclusive et respectueuse de l’environnement, appellent justement d’autres solutions.
Merci de votre attention.
Seul le prononcé fait foi