Budget primitif 2015 /// Conseil de la Métropole de Lyon /// 26.01.2015

INTERVENTION DE PIERRE HEMON

En préambule je crois important de rappeler  que sous le quinquennat précédent la dette nationale publique a augmenté de 50% passant de 1200 à 1800 milliards d’Euros ! Un quinquennat où on a préféré remplacer l’impôt par l’emprunt.

Et c’est principalement l’augmentation inconsidérée de cette dette qu’il nous faut maintenant rembourser .

Et pourquoi nous, pourquoi serait-ce aux collectivités locales de produire un tel effort alors que, comme le rappelle l’Association des Maires de France « les collectivités ne représentent que 9,5% de la dette publique alors qui qu’elles portent 70% de l’effort d’équipement public. » Ces mêmes collectivités  font vivre les indispensables services publics de proximité et alimentent très largement les carnets de commande des entreprises locales.

Mais si refuser cette austérité imposée est nécessaire, il nous semble tout aussi nécessaire d’arrêter les inutiles injonctions et autres prières pour le retour d’une croissance qui non seulement s’essouffle, mais de fait va en diminuant si l’on en croit le FMI.

Car nous savons tous bien que nous avons longtemps vécu sous un modèle économiquement, écologiquement et socialement insoutenable. Et qu’il devient indispensable de penser la prospérité sans la croissance.

Et qu’à l’austérité imposée et mortifère il nous faut opposer la sobriété heureuse.

La diminution des crédits ne peut avoir pour corollaire un repli du service public local : ce n’est pas votre choix, ni le nôtre.  Et il nous faut donc choisir, choisir, choisir et surtout trier dans les dépenses et la programmation pluriannuelle d’investissement pour diminuer la dépendance au carbone et aux énergies fossiles, enjeu planétaire dans lequel nous devons prendre notre part.

C’est aussi en cela que la PPI qui sera soumise à notre assemblée en juin doit d’une part être construite de manière partagée avec les groupes qui participent à notre majorité et d’autre part avoir pour objectif une politique socialement, économiquement et écologiquement responsable, visant un développement non pas axé sur la croissance mais sur le développement des Hommes et du territoire, de la réduction des inégalités.

En ce sens le poste recouvrant les dépenses de personnel, bien qu’important est indispensable pour assurer au mieux l’ensemble de nos missions de service public.

Il nous faut donc choisir entre Transition ou régression : nous sommes partant pour la Transition monsieur le Président ! Et si nous ne sommes pas les seuls dans cette assemblée, nous savons aussi qu’un bon nombre des acteurs économiques de notre territoire métropolitain sont tout aussi partants. Leur dynamisme économique est bien souvent porteur de la diminution des émissions de gaz à effet de serre, d’une économie décarbonée. Oui un bon nombre a compris que c’est bien dans ces domaines, que recherche et développement ont de l’avenir, que c’est dans ces domaines que des emplois pérennes pourront, sont déjà créés.

Et si la qualité des objectifs de notre Plan climat est unanimement reconnue, c’est aussi parce que les acteurs économiques en sont partie prenante.

Au-delà des acteurs économiques traditionnels, le champ de l’économie sociale et solidaire doit voir notre soutien renforcé, tant il est porteur d’innovation, d’emplois nouveaux, de solidarité.

Soutenir une agriculture péri-urbaine de qualité,  pourvoyeuse d’emplois maintenus, d’emplois nouveaux, qui permette de tendre vers l’autosuffisance alimentaire totale sur le territoire métropolitain, et donc, de favoriser les circuits courts et des rapports rééquilibrés, entre l’humain, l’urbain et le rural…

Nous savons que l’éco-rénovation thermique des logements est complexe à mettre en œuvre, dans les copropriétés privées en particulier. Même si nous partageons tous l’objectif vertueux baisse des charges/baisse des émissions de gaz à effets de serre, le budget 2015 inscrit pour le parc privé n’est sans doute pas encore à la hauteur des enjeux. Nous comprenons, comme vous,  la ligne de budget idoine comme une première étape qui peut évoluer.

Nous pensons encore que la sobriété doit nous conduire à faire d’impérieux efforts autour des questions de diminution à la source, de collecte et de tri des déchets. Compostage, recyclage, ateliers de réparation, ne sont pas et en tout cas ne sont plus des lubies d’écologistes, mais des réalités, des demandes sociales qu’il faut encourager et soutenir. Nous allons voter tout à l’heure différents taux dont celui d’enlèvement des ordures ménagères. En attendant qu’il devienne une redevance plus lisible et incitative nous réitérons notre demande que la recette disponible soit intégralement affectée à tout ce qui favorise les diminutions et transformations que je viens d’évoquer. C’est là encore un challenge d’ampleur, car une politique efficacement menée permettra de ne pas remplacer un des incinérateurs actuels ; donc des économies, moins de pollution, plus d’emplois, plus de participation et de responsabilité collective et individuelle.

Quelques mots sur la subvention au  Sytral qui est à peine maintenue. Force est de constater qu’une subvention légèrement augmentée de la part des collectivités locales concernées aurait pu éviter le recours à l’augmentation des tarifs. Augmentation qui pénalise les citoyens vertueux qui privilégient les transports en commun, et qui ne touche pas ceux qui utilisent voitures et  motos ; mais qui pénalise aussi les citoyens non imposables.

Au sujet du RSA : la volonté de permettre à ses allocataires de retrouver un emploi, nous la partageons. Mais que cet objectif ne fasse pas oublier qu’il est tout aussi nécessaire d’aller chercher tous ceux qui pourraient faire valoir leurs droits en la matière. L’enjeu pour notre métropole est de replacer les principes de solidarité au cœur du développement territorial, au cœur de la gouvernance des politiques de solidarité.

Concernant les taux d’imposition : si leur augmentation doit permettre d’ancrer la transition énergétique dans le paysage métropolitain, alors elle  se conçoit. Même si le manque de visibilité, du fait de l’absence de PPI en particulier, ne facilite pas notre adhésion à la mesure.

Nous voterons ce budget et vous proposons enfin de lutter contre l’obsolescence d’un  slogan qui s’est usé sans servir, et de dire ensemble : «  La Transition c’est Maintenant ! »